FLORIAN MERMIN
Caress of the Forest (the night you left me)
\ CARESSE DE FORÊT (LE SOIR OÙ TU M’AS QUITTÉ)
from March 9 to April 11, 2019
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du 9 mars au 11 avril 2019
COMMUNIQUÉ EN FRANÇAIS CI-DESSOUS
In the universe Florian Mermin has created, spiders' legs end in pointed nails, benches bristle with spikes and tree trunks are covered in hairs. In short, everything is subjected to transformation. Dishes, a screen, pegs, flowerpots and curtains form a setting that is both indoors and outdoors, evoking interior design and the cinema – plenty of films spring to mind on viewing it. For although the objects could possibly be functional, what they are primarily doing is playing a role, creating a familiar mood, romantic or horrific, now sympathetic and now unsettling, compelling or repellent, or – often – all at the same time. It is unsurprising that some people associate them with personal memories, from childhood for instance, or with literary reminiscences, necessarily poetic in nature.
They emit an ambivalence rooted primarily in the techniques and materials the artist uses; the forged metal and terracotta imply both skill and unpredictability. They are the fruit of a desire for form and embracing accidents. Their surfaces, ranging from shiny to dull, smooth to coarse, suggest a whole array of sensations. The same applies to the doormats – who can describe the scratchy nature of a doorstep? Is that where the tender promise of Home Sweet Home resides? – and the furs which plunge us into a world of appearances and imitations. The former include unusually-shaped bristled mats which bring to mind dry grass that has turned brown, as they are here, or green grass, the impossible dream of a lawn that resists abrasion. The latter, whether natural or synthetic, come to the aid of humans struggling hopelessly with biting cold, restoring a protective layer that has fallen away over the course of evolution. What we thus see here is the barriers between species dropping away, an intertwining of nature and artifice; the objects are ordinary or even domestic, because they can be found in the home, but more especially because the wildness in them has been tamed and might well be ready to resurface at any moment. This instability and sweeping motion ushers in a profound questioning of how our relationship to the world is ordered: is the world at our disposal – as humans have always seemed to believe – or is it simply playing along with our little game for a limited period? Is it at one with our frame of mind, or does it project itself in us and express its unspoken movements through us?
The installation created by Florian Mermin for the gallery entrance would seem to provide a good starting point for answering these questions: we tread on the earth, paying attention to the sensations it arouses in us, the colour, unusual for the floor of an exhibition space, the elasticity and sinking-in, the muffled sound, the smell of soil. We believe that we leave our mark on it, even though it is quickly covered up and obliterated, while the earth clings to our soles and accompanies us surreptitiously, making us the vehicle for its dissemination throughout the space. Which begs the question, who is using whom in a story that is as old as the earth itself? And are not our destinies linked by something more than a relationship rooted in domination? What we have thus have here is an incitement to modesty and consideration, or even solidarity.
Guitemie Maldonado
Born in 1991, Florian Mermin is a graduate of the Ecole Nationale Supérieure des Beaux-Arts of Paris with honors and also of the Otis College of Arts & Design in Los Angeles. He has won a number of awards, such as the Sculpture/Installation price of the Beaux-Arts of Paris and the Kristal price of the Salon de Montrouge in 2017. His works have been exhibited widely, including at the Louis Vuitton Foundation, the Cité Internationale des Arts and the Musée de la Chasse et de la Nature in Paris, Mains d'Oeuvres in Saint-Ouen, but also the Castello di Lajone near Torino, and in London, Los Angeles and Seoul, between 2013 and 2017.
With the support of Centre national des arts plastiques (National Center for Visual Arts).
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Dans l’univers créé par Florian Mermin, les pattes des araignées se terminent par des ongles pointus, les bancs sont hérissés d’épines et les troncs d’arbre couverts de poils. Bref, rien n’échappe à la transformation. Plats, paravent, patères, pots de fleurs et rideaux forment un décor à la fois intérieur et naturel, qui tient de l’aménagement aussi bien que du cinéma et l’on pense à bien des films en les découvrant; car s’ils y ont un usage potentiel, ces objets y jouent surtout un rôle, dans un registre familier, romantique ou horrifique, apparaissant tantôt sympathiques, tantôt inquiétants, attirants ou repoussants, souvent les deux à la fois. On ne s’étonne pas non plus qu’ils soient pour certains liés à des souvenirs personnels, d’enfance pourquoi pas, ou encore à des réminiscences littéraires, poétiques bien sûr.
L’ambivalence qu’ils manifestent tient pour beaucoup aux techniques et matériaux employés: le métal forgé et la terre cuite supposent en effet autant de maîtrise que d’imprévisible; ils résultent d’une volonté de forme et de l’acceptation des accidents; ils présentent des surfaces qui vont du brillant au terne, du lisse au rugueux, suggérant ainsi une large gamme de sensations. Il en va de même des paillassons – qui dira le caractère râpeux des pas de portes? Est-ce là la douceur affichée du Home Sweet Home? – et des fourrures, lesquelles, par ailleurs, nous précipitent dans un monde d’apparences et de faux semblants. Dans les premiers en effet, on voit une brosse mais qui n’en a pas la forme habituelle et qui rappelle soit l’herbe sèche quand ils sont marrons comme ici, soit quand ils sont verts, le rêve impossible d’un gazon résistant à l’abrasion. Les secondes, qu’elles soient naturelles ou synthétiques, restaurent, pour l’homme démuni face au froid mordant, un pelage protecteur tombé au cours de l’évolution. Ici, donc, les barrières d’espèces tombent, la nature et l’artifice s’entremêlent, tandis que les objets sont, plus encore que quotidiens, domestiques: certes parce qu’ils se trouvent dans les maisons, mais plus encore parce qu’en eux le sauvage a un jour été apprivoisé et qu’il se tient peut-être prêt à resurgir à tout moment. Par cette instabilité et cette circulation généralisée, le régime de notre rapport au monde se trouve en profondeur interrogé: est-il à notre disposition ce monde – comme l’homme semble depuis longtemps le croire – ou se prête-t-il, simplement et pour un temps seulement, à notre petit jeu? Est-il à l’unisson de notre humeur ou est-ce plutôt lui qui se projette en nous et exprime, à travers nous, ses mouvements indicibles?
À ces questionnements, le dispositif imaginé par Florian Mermin pour l’entrée de la galerie semble une bonne introduction: nous y foulons la terre, attentifs aux sensations que cela nous procure, la couleur, inhabituelle au sol d’un espace d’exposition, la souplesse et l’enfoncement, le son étouffé, l’odeur du terreau; nous croyons même y imprimer notre marque – bien vite recouverte et effacée toutefois – tandis qu’elle, la terre, s’accroche à nos semelles et progresse avec nous subrepticement, nous utilisant comme véhicule pour sa propre dissémination dans l’espace. Alors, qui sert qui dans cette histoire vieille comme le monde et nos destins ne sont-ils pas autrement plus liés que par un rapport de domination? Voilà qui invite à la modestie et à la considération, voire à la solidarité.
Guitemie Maldonado
Né en 1991, Florian Mermin est diplômé de l’Ecole Nationale Supérieure des Beaux-Arts avec les félicitations du jury et de l’Otis College of Arts & Design de Los Angeles. Il a reçu plusieurs distinctions dont le prix Sculpture/Installation des Beaux-Arts de Paris en 2016 et le prix Kristal du Salon de Montrouge en 2017. Son travail a été montré dans de nombreuses institutions, notamment à la Fondation Vuitton, à la Cité Internationale des Arts et au Musée de la Chasse et de la Nature à Paris, à Mains d'Oeuvres à Saint-Ouen, mais également à l'étranger comme au Castello di Lajone près de Turin, à Londres, à Los Angeles et à Séoul, entre 2013 et 2017.
Avec le soutien aux galeries / exposition du Centre national des arts plastiques.
PRESS \ PRESSE
Pauline Lisowski, “ Caresse de forêt (le soir où tu m’as quitté), exposition personnelle de Florian Mermin: du vivant à l’intérieur de la galerie”, Le Corridor de l’art, 2019
Philippe Godin, “Florian Mermin, La richesse du pauvre”, Libération, La diagonale de l’art, 2019
Marine Vazzoler, “Land Art : Quel héritage dans l’art actuel”, L’hebdo du Quotidien de l’Art, 2019
Henri Guette, “Florian Mermin ou les domaines élégiaques”, Jeunes critiques d’art, 2019
Elora Weill-Engerer, “Contes modernes”, BOUM!BANG!, 2019
Guillaume Clerc, “Portrait : Florian Mermin”, Artaïs Art Contemporain, 2019