Luc SCHUHMACHER

Lower than the ground

(Plus bas que terre)


 

from December 10, 2015 to February 6, 2016
duration : 20 minutes



du 10 décembre 2015 au 6 février 2016
durée : 20 minutes

 
 

COMMUNIQUÉ EN FRANÇAIS CI-DESSOUS

Backslash is delighted to announce a new exhibition of work by Luc Schuhmacher, whose sound installations take the viewer on a journey through the artist’s mind and the twists and turns of his creative process. A collection of ten recent works will be displayed along a circuit carefully designed by the artist, who explains:

Twenty minutes: that’s the time it takes to visit the exhibition.

Lower than the ground is the name of the exhibition.

It is also the name of one of the works: several series of drawings on envelopes and a recording of a voice that, for 3 minutes and 46 seconds, relates snatches of a nightmare that lasted 10 days and 10 nights.

Reality is far much worse than the work.

Lower than the ground. Despair. A gaping hole I fall into, the relentless procession of thoughts, tormenting me, such an intense feeling of dread that it hollows out my body. Stick a sharp knife into my belly. Burn myself alive. Hang myself. So it stops. Blind, bent over, using my hands to find my way, I walk around my apartment. The wooden slats of my bed and the kitchen table are my only aids. I touch them, lower than the ground. I can’t breathe anymore. The others belch in my face, spit on me. I look them in the face. I see their oozing eye sockets, the eyeballs missing, and their rotten teeth. The next few minutes cannot be borne.

Everything that comes from me will be earthbound: the works will be displayed on the ground.

Various series of drawings and texts, lying on the wooden floor. For each series, a mechanism is fastened to the wall that you can choose to activate or not. Pull the rope: the recording flows through the space with a murmuring sound. If you lend it your ear, a story will unfold.

These stories were recorded directly to tape without any editing using a handheld Dictaphone.

Fragments of recordings follow on from each other. I proceed like a doctor writing consultation reports. This approach creates sound matter made up of cuts, silences and the repetitions created by the possibility of rerecording on something that already exists. I want to achieve the perfect tone: repentance. These are sound drawings. The soundtrack is a sheet of paper. I draw a line, then another and another, until I obtain exactly the right line to make the drawing work.

Listening to the recordings, the visual takes on more meaning. My voice rewrites what has already happened. Something new takes place in the “afterthought”, probably because I couldn’t react in the moment itself. Using these mechanisms, each story is replayed as many times as we activate it. Exhibiting my work is about getting it to replay.’ 

Luc Schuhmacher’s work has featured at the 2006 Nuit Blanche all-night cultural event and at Mac Val.

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La galerie Backslash est heureuse d'annoncer la nouvelle exposition de Luc Schuhmacher dont les installations sonores emmènent le spectateur dans un voyage à travers l'esprit de l'artiste et les méandres de son processus créatif. Une dizaine d'œuvres récentes seront exposées le long d'un parcours précis pensé par l'artiste qui explique :

Vingt minutes : c’est le temps qu’il faut pour parcourir l’exposition.

Plus bas que terre : c’est le nom de l’exposition.

C’est aussi le nom d’une pièce : plusieurs séries de dessins sur enveloppes et un enregistrement, où, pendant 3.46 mn, ma voix relate une bribe d’un cauchemar qui a duré 10 jours et 10 nuits.

Le résultat est très en dessous de la réalité.

Plus bas que terre. Le désespoir. Trou béant dans lequel je chute, les pensées qui ne s’arrêtent plus, qui me persécutent, l’angoisse si intense qu’elle me vide le corps. Me planter un couteau aiguisé dans le ventre. Me brûler vif. Me pendre. Que ça s’arrête. Aveugle, courbé, utilisant mes mains pour me repérer, je marche dans mon appartement. Les lattes de bois de mon lit, la table de la cuisine sont mes seuls secours. Je les touche, plus bas que terre. Je ne peux plus respirer. Les autres me rotent à la gueule, ils me crachent dessus. J’affronte leurs regards. Je vois leurs orbites dégoulinants, sans globe oculaire et leurs dents pourries. Les prochaines minutes sont impossibles à vivre.

Tout ce qui vient de moi sera à terre : l’accrochage se fera au sol.

Des séries de dessins, de textes, gisent sur le parquet. Au niveau de chacune des séries, fixé au mur, un dispositif que l’on peut choisir d’actionner ou de ne pas actionner. Tirez la corde : l’enregistrement se répand dans l’espace comme un murmure. Si vous approchez l’oreille, une histoire se donne à entendre.

Ces histoires sont réalisées, en tourné monté, avec un dictaphone à cassette.

Tourné monté : montage fait à mesure de la prise de son, à même la bande magnétique. Des morceaux d’enregistrements se suivent. Je procède comme un médecin qui fait ses rapports de consultation. Cette marche à suivre crée une matière sonore faite de coupures, de silences et de répétitions qui elles sont dues à la possibilité de réenregistrer sur quelque chose de déjà existant. Je veux arriver au ton juste ; le repentir. Ce sont des dessins sonores. L’espace de la bande audio est une feuille de papier. Tirer un trait, puis un autre, jusqu'à arriver au trait juste qui fait tenir le dessin debout.

A l’écoute des enregistrements, ce qui est à voir gagne en sens. Ma voix refait le moment passé. Quelque chose se rejoue dans « l’après coup », probablement parce que dans l’instant vécu, je n’ai pas su réagir. Par ces dispositifs, chaque histoire est rejouée tant qu’on les actionne. Exposer mon travail, c’est faire en sorte que ça se rejoue. 

Le travail de Luc Schuhmacher a notamment été exposé pendant la Nuit Blanche de 2006 et au Mac Val.