LUC SCHUHMACHER
maybe you task is to write it
(Votre tâche est peut-être de l’écrire)
from November 15 to December 21, 2018
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du 15 novembre au 21 décembre 2018
COMMUNIQUÉ EN FRANÇAIS CI-DESSOUS
April 2018
I spend a lot of time breathing. Overwhelmed by work.
4 p.m. I lie down on my bed, I don't sleep, my eyes stare at the ceiling. I let my thoughts drift through me.
My manuscript is looking for a publisher. Other words are taking up my time now. Time is what is needed, the time to write, the time to be read, the time to take it in.
The installations I created for Backslash reveal this time. Five spaces, five audio and visual installations illustrating the journey taken by the writing. Both past and present, it gives of itself on the outside.
The touchers
LUC: I close my eyes. My finger travels across the skin of my face.
One hand draws what the other touches.
The drawings are arranged symmetrically and placed against the wall. I look at them.
I don't know if they're good.
I don't know if they can exist without a text.
BACKSLASH: Hung like banners, various series of drawings present a succession of portraits. Each image shows a face. A voice speaks. The drawings have travelled through the artist's body and mind before ending up on paper.
Falling from the hands
LUC: The right hand is drawing the left hand.
The left hand is drawing the right hand.
Wait.
Some people reject the text, other like it.
BACKSLASH: On the wall are drawn hands; between them lies empty space. The artist fingers the letters he receives. His voice traces the journey of the manuscript, from hand to hand, mouth to ear.
Maybe your task is to write it
LUC: I talk about my task, of saving the world.
"Maybe your task is to write it?"
I work on a text all the time. I wake up in the middle of the night to change a word, obsessed with getting the balance of a sentence just right. I read this text, my hand writes what I read without my eyes looking at what is being written.
BACKSLASH: The manuscript unfolds across the wall and floor. An open book. The text occupies the biggest space in the gallery.
There are noises in the corridor
In collaboration with artistic duo Thérèse Verrat and Vincent Toussaint
LUC: These words following on from each other, all these sentences, that's my skin.
I put bits of sellotape over my eyes.
I think about Thérèse. Has she been squirted in the eye by a chemical?
"What do you see?"
I open my eyes, the wall, the light, she squeezes my hand tight.
BACKSLASH: Luc talks about an abyss. Words are dangerous. He calls Thérèse. Vincent films their hands playing together. Photographic prints made by Thérèse and Vincent complete the process, the image takes over from the word.
Before disappearing
LUC: I crush the pen to make the ink come out.
I spread it across the first page of a notebook.
The stain has gone through different layers of paper.
Before disappearing.
BACKSLASH: In the final exhibition room, stains go through layers of paper before they disappear. The ink is nothing more than a memory. How can a text exist if no one reads it? How can the page be turned?
Luc Schuhmacher studied at the national fine arts school in Paris, in Christian Boltanski and Claude Closky's studios. His work has featured in a variety of places, including at Mac Val and the 2006 Nuit Blanche all-night cultural event. 2006 was also the year he took part in a happening at the Grand Palais in Paris with Claude Closky. Following two solo exhibitions of his work in 2011 and 2015, Backslash is once again giving the gallery space over to him in autumn 2018.
All the installations are made up of a visual component (marker pen or ballpoint pen drawings, hand-written manuscript pages, video and photographic prints) and an audio mechanism, which the viewer can choose to activate. Each sound piece is also released as a disk.
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Avril 2018
Je passe beaucoup de temps à respirer. Dépassé par le travail.
16h. Je m’allonge sur mon lit, je ne dors pas, mes yeux regardent le plafond. Je me laisse traverser par mes pensées.
Mon manuscrit cherche un éditeur. D’autres mots occupent désormais mon temps. Il faut du temps, le temps d’écrire, le temps d’être lu, le temps d'en rendre compte.
Les installations réalisées pour la galerie Backslash montrent ce temps. 5 espaces, 5 installations sonores et visuelles exposent le parcours de l’écriture. À la fois passée et présente, elle se donne au dehors.
Les touchants
LUC : Je ferme les yeux. Mon doigt parcourt la peau de mon visage.
Une main dessine ce que l’autre main touche.
Les dessins sont posés en équilibre contre le mur. Je les regarde.
Je ne sais pas s’ils sont bons.
Je ne sais pas si sans un texte ils peuvent exister.
BACKSLASH : Accrochées en drapeaux, des séries de dessins présentent des portraits. Chaque image montre un visage. Une voix parle. Les dessins ont traversé le corps et l’esprit de l’artiste pour se retrouver sur le papier.
Tomber des mains
LUC : La main droite dessine la main gauche.
La main gauche dessine la main droite.
Attendre.
Le texte est refusé par certains, aimé par d’autres.
BACKSLASH : Au mur, des mains dessinées ; entre elles, le vide. L’artiste manipule les lettres qu’il reçoit. Sa voix retrace le parcours du manuscrit, de mains en mains, de bouche-à-oreille.
Votre tâche est peut-être de l’écrire
LUC : Je lui parle de ma tâche, celle de sauver le monde.
« Votre tâche est peut-être de l’écrire ? »
Je travaille un texte en permanence. Je me réveille en pleine nuit pour modifier un mot, obsédé par l’équilibre d’une phrase. Je lis ce texte, ma main écrit ce que je lis sans que mes yeux ne regardent ce qui s’écrit.
BACKSLASH : Le manuscrit se déploie sur le mur et au sol. Un livre ouvert. Le texte occupe le plus grand espace de la galerie.
Il y a des bruits dans le couloir
En collaboration avec le duo Thérèse Verrat et Vincent Toussaint
LUC : Ces mots qui se suivent, toutes ces phrases, c’est ma peau.
Je mets des morceaux de scotch dans mes yeux.
Je pense à Thérèse. Un produit chimique a giclé dans son œil.
« Qu’est-ce que tu vois ? »
J’ouvre les yeux, le mur, la lumière, elle serre fort ma main.
BACKSLASH : Luc parle d’un gouffre. Les mots sont dangereux. Il appelle Thérèse. Vincent filme leurs mains qui jouent ensemble. Des tirages photographiques réalisés par Thérèse et Vincent complètent le processus, l’image prend le relais de la parole.
Jusqu’à sa disparition
LUC : J’écrase le stylo pour en faire sortir l'encre.
Je l'étale sur la première page d'un cahier.
La tache a traversé les couches de papier.
Jusqu’à sa disparition.
BACKSLASH : Dans la dernière salle de l'exposition, des taches traversent des couches de papier, jusqu’à disparaître. L’encre ne laisse plus qu’un souvenir. Comment un texte peut-il exister si personne ne le lit ? Comment tourner la page ?
Luc Schuhmacher a étudié à l'École Nationale des Beaux-Arts de Paris dans les ateliers de Christian Boltanski et de Claude Closky. Son travail a été exposé entres autres au MacVal ou lors de l’édition 2006 de Nuit Blanche. La même année, il réalise une performance au Grand Palais avec Claude Closky. Après deux expositions personnelles en 2011 et en 2015, la Galerie Backslash lui consacre de nouveau ses espaces à l’automne 2018.
Toutes les installations se composent d’un dispositif visuel (dessins au feutre ou au stylo bic, feuillets manuscrits autographes, vidéo et tirages photographiques), et d’un dispositif d’écoute que le spectateur est libre de déclencher. Chaque pièce sonore fait l’objet d’une édition gravée sur disque.