MICHAEL ZELEHOSKI

social fabric



from March 12 to April 23, 2022
\ du 12 Mars au 23 Avril 2022

 

Photos : Jérôme Michel

 

FRENCH BELOW


Some artists make a radical turn in their careers. Can we deem radical the one that the American artist Michael Zelehoski presents at Backslash for his third solo exhibition with the gallery? It is certain that beyond the materials of yesterday and today, a certain form of constructivist continuity appears conceptually but distinctly, as the relay witness between two eras.

Until now, abandoned objects, mostly wooden, have ruled Zelehoski's research. Dismemberment followed by combination were the keys to his two-dimensional compositions.

Beyond the imperialism of the material, hitherto pregnant and unavoidable in the American, stylistic research here frees itself from this reign and arrogates the main place of the new corpus. Weaving is the essential thread of the exhibition and embodies the main role of the plastic proposals. Leitmotif of the exhibition, it combines, assembles and harmonizes different objects, sometimes unusual and incongruous. The works thus result from disconcerting alchemy with perfectly mastered color variations. It is essential for Zelehoski not to intervene in the arrangement of colors and to leave the material in its own juice, as the antique dealers say.

It was in Oaxaca City (Mexico) that the artist began to think about the interwovenness of all life. He thought about how human life is integrated within that weave and what is our capacity to contribute. Everything is connected, from the layers of sediment at the bottom of the ocean to the Peruvian burial shrouds that capture both the sacred and everyday symbols of life. Per, what will these objects we leave behind say about us?

Each object used imposes its own color and the artist plays conductor, wielding the proposed palette like a baton. This is a recurring pattern throughout the artist's career and this practice, which may seem random yet so tame, recalls the first era of the American, when wood reigned supreme. One's artistic process becomes vernacular with certain limitations. When the desire to express reaches beyond the parameters of the artist's language, it is time to evolve and expand.

Trained in the studio of Felix Maruenda in Chile for years, Zelehoski has recently returned to seek these stylistic roots and the influence of South American contemporary and modern art. He once abandoned the third dimension when he returned to New York in 2005 and like a loop that is closing, he has returned there today after long months of work in Mexico.

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Certains artistes opèrent un tournant radical dans leurs carrières. Mais peut-on qualifier de radicalité celui que l’américain Michael Zelehoski présente à Backslash pour sa troisième exposition personnelle au sein de la galerie? Il est certain qu’au delà des matériaux, d’hier et d’aujourd’hui, une certaine forme de continuité constructiviste apparait conceptuellement mais distinctement, tel le témoin relais entre deux époques.

Jusqu’à présent, les objets abandonnés, principalement en bois, régnaient sur les recherches de Zelehoski. Le démembrement puis la combinaison étaient les clefs de ses compositions bi-dimensionnelles.

Au-delà de l’impérialisme du matériau, jusqu’ici prégnant et incontournable chez l’américain, les recherches stylistiques s’affranchissent ici de ce règne et s’arrogent la place principale du nouveau corpus. Le tissage, fil conducteur essentiel de l’exposition, incarne le rôle principal des propositions plastiques. Leitmotiv de l’exposition, il combine, assemble et harmonise différents objets, parfois insolites et incongrus. Les oeuvres résultent ainsi d’alchimies déconcertantes aux variations colorées parfaitement maîtrisées. Il est primordial pour Zelehoski de ne pas intervenir dans l’ordonnance des couleurs et de laisser le matériau dans son jus, comme disent les antiquaires.

C'est à Oaxaca au Mexique que l'artiste a débuté sa réflexion quant à l'imbrication de toute chose, de toute vie. Il a cherché à définir la manière dont tout être humain est intégré à la même trame et quelle capacité nous avons à y contribuer. Tout est lié, des couches de sédiments au fond des océans aux linceuls funéraires péruviens capturant à la fois des symboles sacrés et quotidiens de la vie. Que diront de notre humanité tous ces objets laissés derrière nous ?

Chaque objet utilisé impose sa teinte et l’artiste revêt le costume de chef d’orchestre, maniant la palette proposée comme une baguette de direction. C'est ainsi une pratique récurrente depuis le début de la carrière de l'artiste. Et cette volonté, qui peut sembler relever de l'ordre de l'aléatoire et pourtant si domptée, rappelle la première époque de l'américain, quand le bois régnait en maître. Le processus artistique d'un artiste devient vernaculaire avec certaines limites. Lorsque le désir de s'exprimer dépasse les paramètres du langage de l'artiste, c'est qu'il est temps d'évoluer et de s'étendre.

Formé dans l’atelier de Felix Maruenda au Chili pendant des années, Zelehoski est récemment retourné chercher ces racines stylistiques et l’influence de l’art sud-américain, contemporain et moderne. Il avait abandonné la troisième dimension en revenant à New York en 2005 et comme une boucle qui se referme, il y retourne aujourd’hui après de longs mois de travail au Mexique.

 


video : Guillaume Diamant-Berger